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Histoire locale des protestants
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On connaît très mal l’histoire des protestants à Toulon avant le règne de Louis-Philippe. Leur très petit nombre, le secret dont ils s’entouraient ou dans lequel on les a tenus, la répression, l’interdiction du culte réformé après 1685 expliquent peut-être ce manque d’information. Toulon n’a pas connu les horreurs de la guerre religieuse, elle est restée catholique, sans toutefois verser dans les excès de la Ligue contre laquelle elle prit parti. Plusieurs exemples prouvent que les Toulonnais se montrèrent plutôt tolérants envers les adeptes de la nouvelle religion tout en les condamnant, hésitèrent à participer à toute expédition punitive en Provence.
La Réforme n’a que très modestement touché notre ville au seizième siècle où les premiers mouvements religieux se manifestèrent en 1562.
Gustave Lambert, auquel rien n’a échappé des Guerres de Religion en Provence (1868-72), signale quelques grandes familles de notables, comme les Hubac ou les de Cuers, momentanément adeptes de la nouvelle religion en 1566-68. Une délibération du Conseil de ville en date du 2 juin 1571, s’inquiète d’assemblées illicites tenues par les religionnaires à la Garde, aux portes de Toulon, dans la demeure de Pierre de Pontevès (le château de Saint-Michel situé sur les terrains de l’actuelle Université, aux confins de trois communes de Toulon, la Garde et la Valette).
Plus tard, après l’Edit de Nantes (1598), les huguenots de Toulon sont plutôt des gens venus de l’extérieur, marins ou soldats, mais on a très peu de renseignements sur eux. En 1602 (Davin), « les habitants faisant profession de la Religion prétendue réformée de la ville de Toulon » obtiennent des consuls un emplacement pour leur cimetière, au bout de la contrescarpe. » (GG28). On peut retrouver aussi aux archives (GG29), quelques certificats triomphalistes d’abjuration et de retour à l’orthodoxie catholique, dans les années 1674 à 1682. A cette date, on ne dénombrait que trois familles protestantes.
Le temps de la persécution, après la Révocation de l’Edit (1685), alimente la chiourme des galères. Cependant lorsque ces dernières s’installent définitivement à Toulon en 1748 pour faire place au Bagne, il n’y a plus qu’une cinquantaine de forçats religionnaires et plus un seul après 1775, quand les idées de tolérance religieuse se développent dans le royaume (Histoire de Toulon, Privat 1980).
La liberté du culte protestant est en principe rétablie après 1791, mais il faut attendre la Monarchie de Juillet, favorable aux réformés, pour que s’organise à Toulon la petite communauté protestante comptant moins de deux cents personnes.
D’après la Dédicace du Temple de l’Eglise Reformée de Toulon, brochure publiée en 1871, c’est grâce à l’intervention de la duchesse de Broglie vivement affligée de voir sans lieu de culte ni pasteur les quelques familles protestantes de notre ville », que le Consistoire de Marseille dont dépendaient officiellement les protestants du Var, accepta en 1832 de détacher un pasteur à Toulon.
Les familles protestantes toulonnaises réunies d’abord le dimanche dans une salle d’école, obtinrent de la Municipalité qu’elle loue à leur intention le deuxième étage de l’ancienne maison de Puget, 64 rue d’Orléans (République), appartenant à Madame Rouquier et auparavant à la veuve d’Etienne Gosse, auteur du Médisant venu s’installer à Toulon comme Directeur de la Loterie. Gosse tomba en disgrâce pendant la Restauration pour ses convictions napoléonienne.
Nous avons réimprimé le fascicule qui contient les discours et prières prononcés à l’occasion de la dédicace du Temple de Toulon, le 23 octobre 1870.
Vous pouvez acquérir ce fascicule pour la somme de 10 € (prix de soutien). Un extrait de 3 pages est visible ci-dessous pour vous donner une idée de son contenu :
Toulon : un culte si particulier
Le 25 octobre 2020 au matin, une grande effervescence a régné dans le temple de Toulon.
Y aura-t-il de la place pour tout le monde ? Ou bien le grand temple sera-t-il vide ?
A Toulon, le dernier culte d’octobre est celui de la cité, il est aussi pour toute l’EPUdF celui de la Réformation où l’on fait mémoire du geste du réformateur Martin Luther affichant à Wittenberg, le 31 octobre 1517, ses 95 thèses contre les indulgences.
2020 marque également la commémoration des 150 ans de notre temple : si la communauté a vu le jour dans les années 1830, notamment grâce à l’intervention de la duchesse de Broglie, il aura fallu attendre 40 ans pour qu’il soit décidé de construire un temple, inauguré le 23 octobre 1870.
Situé au cœur de Toulon, classé monument historique, il est bien entendu ouvert lors des journées européennes du patrimoine. C’est un lieu vivant, lieu de spiritualité où s’expriment également des musiciens de tout style, des artistes seuls en scène et où chaque dimanche la chorale polynésienne nous fait partager sa joie.
Enfin nous avons choisi que ce culte, en présence de notre présidente du conseil régional, la pasteure Sibylle Klumpp, marque également l’installation du nouveau conseil presbytéral.
Ces quatre événements étaient donc regroupés en un seul culte dans un contexte bien particulier de possible reconfinement. Ils ont donné à la parole de Dieu, portée dans la prédication de notre pasteur Christian Badet, une force particulière et nous ont renforcés « dans l’espoir que l’écriture devienne parole vivante pour chacun d’entre nous et une parole qui nous accompagne, nous fasse vivre ».
La présence ensemble du Préfet, d’une députée et d’une conseillère départementale que nous avons le plaisir de retrouver lors de nos grands événements, des représentants des églises sœurs et amies et de la Marine Nationale, a pris ce 25 octobre 2020, peu de jours après l’actualité tragique qui nous avait tous sidérés, une dimension particulièrement forte en termes de laïcité, notion si chère aux protestants.
L’après-midi nous étions une cinquantaine venus pour assister au magnifique concert d’orgue « Un certain J.S. Bach » donné dans le temple par Pascal Marsault.
Corinne Bianquis – Conseillère presbytérale